« Les dessins de presse nous font rire. Sans eux, nos vies seraient bien tristes. Mais c’est aussi une chose sérieuse : ils ont le pouvoir d’informer mais aussi d’offenser. » (Kofi Annan, Prix Nobel pour la Paix au colloque «Désapprendre l’intolérance», New York, 16 octobre 2006)
Cartooning for Peace est une association née d’un événement et d’une rencontre. Les réactions sanglantes à la publication des caricatures de Mahomet dans le journal danois, le Jyllands-Posten, le 30 septembre 2005 ont conduit à une rencontre fondatrice : le 16 octobre 2006, Kofi Annan, prix Nobel de la Paix et Secrétaire général des Nations Unies, et Plantu, journaliste et dessinateur au journal français Le Monde et L’Express, réunissent douze dessinateurs internationaux autour d’un colloque «Désapprendre l’intolérance – dessiner pour la paix».
Cartooning for Peace rapproche le dessin de presse de son public, en suscitant des rencontres entre les dessinateurs et un large public. Ainsi, ils utilisent la pédagogie du dessin de presse pour dénoncer les intolérances. L’association donne la parole aux jeunes et les sensibilise aux grands problèmes de société. Outil au service de la liberté d’expression, Cartooning for peace est un forum, un lieu de rencontres, pour tous ceux qui récusent l’intolérance et toutes les formes de dogmatismes.
Cette année scolaire 2022/2023, la Région Grand Est a mis en place un partenariat avec cette association autour de leur nouvelle exposition « Dessine moi l’égalité des genres », proposant dans un appel à projet à 12 établissements scolaires de Grand Est d’accueillir l’exposition, de travailler avec des classes sur cette thématique à partir des dessins de presse et de rencontrer un caricaturiste ou un dessinateur de presse.
Sous l’impulsion de Mme Even-Schindler, CPE, et de M Wimmer-Nejman, professeur documentaliste, le lycée Marie Curie a postulé et été retenu pour faire partie de cette très belle aventure qui mêle Éducation aux médias et citoyenneté.
C’est avec la classe de 1G6, classe dans laquelle sont scolarisés les élèves de la spécialité EPPCS (Éducation Physique – Pratiques et cultures sportives), que le choix s’est porté pour entreprendre ce projet, notamment en raison des problématiques du programme de cet enseignement de spécialité se retrouvent dans la thématique de l’exposition, à savoir les inégalités de genres (rémunération, notoriété, visibilité etc).
Le projet a débuté par un temps de formation. D’abord pour les deux coordinateurs du projet à l’hôtel de Région de Metz afin non seulement de rencontrer les collègues des autres établissements sélectionnées mais également pour rencontrer les différents acteurs de l’association. Ensuite, ce sont deux ambassadeur.ices de la classe qui ont passé une journée de formation sur le dessin de presse et la thématique de l’exposition.
Le projet s’est ensuite déployé au lycée autour de quatre temps de travail :
– un temps de visite de l’exposition et de définitions. Sur les heures de français et avec la collaboration de Mme Gallon-Sauvage, professeure de lettres de la classe, la classe a visité l’exposition en deux groupes. Puis, M Wimmer-Nejman est intervenu afin de définir le dessin de presse et la caricature, tant au niveau de la dimension artistique (médium et techniques utilisés), que des codes de composition (figures de style, symboles, représentations) ou de la symbolique et de la dimension politique, sociétale et citoyenne (message et pertinence du dessin de presse).
– un temps de travail et d’appropriation de la thématique. Grâce au livret pédagogique fourni par l’association, et avec la collaboration de M Vonpierre, professeur d’EPS, les deux coordonnateurs ont mis en place une séance de deux heures, sur les heures d’EPPCS, durant laquelle la classe a été divisée en 5 groupes pour participer à des ateliers de médiation autour de l’exposition, réfléchir et débattre : photolangage ( à partir de dessins de presse) ; cultionnary (dessiner des situations ou des mots en lien avec la thématique) ; « à quoi tu joues » (réfléchir aux jeux qu’ils pratiquaient ou pratiquent dans leur temps libre et tenter d’analyser s’il y avait un type de jeu genré en fonction de leur sexe) ; « dessins sans bulles » (à partir de dessin sans les bulles pour tenter que les élèves les imaginent) ; « les différents visage de la violence » (à partir de mots désignant à la fois les différents types de violence et mais également les exemples de violence)
– un temps de réalisation et de création. Avec la collaboration de Mmes Gozillon, professeure d’Histoire-Géographie et d’EMC, et Deboudt, professeure de SVT, les élèves ont réalisé, sur trois séances de 1 heure, leurs propres dessins de presse sur les inégalités de genres dans le sport. Réinvestissant ainsi tout ce qu’ils avaient pu découvrir et/ou débattre en amont, cette étape du projet leur a permis d’aller au-delà de la réflexion, afin de laisser s’exprimer leur sensibilité.
– un temps de rencontre et de partage. Climax de ce projet, une rencontre a pu se mettre au place au CDI avec Thierry Doudoux, dessinateur de presse, travaillant notamment pour France 3. Les élèves ont pu débattre et échanger avec lui sur le dessin de presse et sur cette thématique.
Au final, ce projet a été une véritable réussite à tous les niveaux : au niveau de la thématique avec l’émergence d’une réflexion citoyenne sur le genre et les inégalités qui lui sont liées, au niveau du médium qu’est le dessin de presse et de son fonctionnement, au niveau pédagogique avec la diversité des formats utilisés pour amener les élèves à réfléchir, au niveau collaboratif avec la cohésion créée dans la classe mais aussi au niveau de l’équipe pédagogique avec les différents collègues qui sont intervenus dans ce projet, et enfin au niveau partenarial avec la découverte d’un partenaire riche dans la construction de la citoyenneté des élèves qu’est Cartooning for Peace.
Pour conclure, ce projet a mobilisé 35 jeunes de première, 7 membres de la communauté éducative du lycée pour travailler et réfléchir sur une thématique qui croise citoyenneté, éducation aux médias et l’information et éducation artistique et culturelle.
C’est la synergie et la conjugaison de ces trois champs de l’éducation nationale qui ont permis de donner cette force au projet et durant 7 semaines, de porter les élèves comme les adultes.